Un communiqué du Ministère de la Santé via l’ANSES fait état au 13 aout 2024, de 400 cas d’intoxications depuis le 1er juillet.
Parmi ces 400 cas 32 cas graves dont 20 correspondent au syndrome phalloïdien, 2 ont nécessité une greffe hépatique et il y a eu un décès.
Face à cette situation, la société mycologique de Sassenage est sollicitée pour répondre à des interviews afin de conseiller sur la pratique de la cueillette de champignons. Jean-Marc Buquet a répondu à la sollicitation de France Bleu Isère et Michel Barrionuevo à celle de Radio ISA, et tous deux au Dauphiné Libéré.
Rappelons quelques règles :
Dans l’Isère 30% des forêts sont communales ou domaniales et 70% sont privées.
Dans la forêt, vous n’allez pas faire vos courses.
L’idéal est de disposer d’un panier en osier d’une contenance de 5 litres (c’est la dose maximale de cueillette permise). Si vous n’en possédez pas, utilisez un sac en tissu permettant aux champignons de respirer. Alors pas de sacs plastique, la fermentation rapide altère le champignon ramassé. Quel dommage …. !
Ramasser les sujets jeunes, mais pas trop petits.
Ne mélangez pas les différents champignons entre eux, séparez-les afin de s’assurer qu’aucune contamination d’un mortel ne soit venue perturber le bon comestible.
Le 30 septembre 2024, sur le marché de Vence (06), des Oronges (amanite des Césars) vendues, avaient été en contact avec des œufs d’amanites phalloïdes.
Attention aux confusions :
Ne cueillir que les spécimens que vous connaissez parfaitement et non pas approximativement, les sujets Sains, en veillant à ce qu’ils soient complets (de la tête au pied) pour une détermination la plus proche de la réalité.
Prenons l’exemple des lépiotes : la lépiote élevée et la mamelonnée sont comestibles. La lépiote des jardins ou lépiote vénéneuse ainsi que la lépiote brune, la lépiote de Morgan, sont toxiques.
Si les spécimens que vous connaissez bien se trouvent le long d’une route, ne les cueillez pas. Le champignon est une grosse éponge, des polluants les ont surement imprégnés.
Ne pas se fier à l'application de son téléphone
Sur votre téléphone portable, vous avez téléchargé une application vous permettant la détermination, ne faites pas confiance aux résultats donnés, vérifier encore.
Un champignon, ce n’est pas seulement une image, c’est aussi un biotope, une odeur ; par exemple, le sanguin, le lactaire délicieux ne se trouvent que sous les pins, pas sous les épicéas, les sapins !
De préférence, faites confiance à votre Pharmacien.ne. En cas de doute, il-elle vous renverra vers un déterminateur d’une association mycologique.
Votre pharmacien ou le déterminateur, s’il ne connait pas parfaitement le champignon vous conseillera de vous en débarrasser. Soyez indulgent, il y a plus de 4 000 variétés recensées en France et en Europe, personne n’est en capacité de tout connaitre !
Ne cédez pas à la mode du carpaccio, il faut faire cuire tous les champignons.
Certains nécessitent une durée d’au minimum une quinzaine de minutes, par exemple, le bolet à pied rouge ou bien au printemps, la morille ;
Le champignon n’est ni un légume, ni un fruit, il a son propre règne, le fongique ;
Ce n’est pas parce que le champignon est une source riche en protéines, en fibres, en vitamines et sels minéraux, qu’il faut en abuser.
La recommandation est de limiter en moyenne sa consommation à 200 grammes par adulte et par semaine.
Un champignon décrit comme comestible à un moment donné peut changer de catégorie et devenir impropre à toute consommation. Dans les années 1980, le gyromitre était vendu à l’état sec, comme un excellent comestible, aujourd’hui les progrès de la science ont montré que la maladie de Charcot pouvait être imputée à son composé hautement toxique, la gyromitrine, et au syndrome gyromitrien, par intoxication lente pouvant être mortelle.
Beaucoup de guides décrivent l’armillaire couleur de miel comme un excellent comestible. Il est important de savoir que ce champignon renferme des substances potentiellement toxiques à long terme (intoxications de type gastro-intestinal) : il est donc très déconseillé de le consommer tout comme les autres armillaires.
Des chercheurs analysent sans cesse les espèces et il n’est pas rare de voir des déclassements. Même les plus aguerris d’entre les mycologues sont sensés se tenir informés de tout changement.
Les appellations évoluent également pour permettre une identification homogène entre territoire. C’est le cas des chanterelles nommées girolles, des trompettes chanterelles nommées chanterelles en tubes. …. Etc. Il faut savoir de quoi l’on parle, même si nous avons toujours appelé les girolles chanterelles, l’habitude n’est pas une bonne raison.
En cas d’intoxication: les symptômes peuvent apparaitre parfois 12 heures plus tard : diarrhées, douleurs abdominales, vomissements, nausées, tremblements, vertiges, troubles de la vue… Immédiatement composer le numéro du centre anti-poison.
Sur notre région, c’est celui de Lyon au 04 72 11 69 11, ou alors le 15.
Voici la retranscription sur Radio Isa
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