Interdit-Autorisé

Infos du site 25 Mai 2019: Nature-Isère


Les fleurs sauvages, respectons-les, ne les cueillons plus. Une belle photo vaut mieux qu’un bouquet fané !
GENTIANA_autocollant_ceuillette sur nature isère
En résumé
Face aux diverses menaces pesant sur la flore sauvage les législateurs ont pris des mesures pour protéger notre patrimoine végétal. Il existe différents statuts de protection de la flore sauvage réglementant ou interdisant la cueillette en Isère.
Pourquoi mettre en place cette pratique ?
La survie de certaines plantes peut être compromise par ces gestes qui nous semblent anodins tels que le piétinement ou la cueillette.
Certaines espèces végétales vivent dans des milieux naturels variés alors que d’autres sont adaptées à des conditions très spécifiques. Ainsi, une plante peut nous paraître abondante localement alors qu’ailleurs elle est rare.
De plus, la cueillette peut mener à la raréfaction et dans le pire des cas, à la disparition des espèces les plus menacées.
Et quel intérêt de faire un bouquet qui sera fané et jeté rapidement ?
Il est donc nécessaire de nous impliquer, chacun à notre niveau, dans la préservation des richesses naturelles de notre département en modifiant tout simplement nos comportements.
Des alternatives à la cueillette existent : photos, dessins, aquarelles, etc. Pensons-y ! C’est l’occasion de découvrir un don ou une passion jusqu'alors ignorés.
Les espèces bénéficiant d’une protection intégrale, qu’elle soit nationale, régionale ou départementale, sont totalement interdites de cueillette.
Pour des espèces plus communes mais qui subissent de fortes pressions de cueillette, une réglementation existe : ces espèces peuvent être cueillies dans une quantité limitée à ce que la main peut contenir.
Quelles étapes et quels moyens ?
La liste des espèces végétales protégées présentes en Isère comprend des espèces protégées à trois niveaux géographiques différents :

AU NIVEAU NATIONAL :
Protection intégrale : les espèces ne peuvent pas être détruites, coupées, mutilées, arrachées, cueillies, enlevées, colportées, et mises en vente
Protection partielle : dans la mesure où elles entrent dans la composition de préparations pharmaceutiques, l'utilisation de certaines espèces de l'Annexe II de l'arrêté du 20/01/1982 sont soumises à une autorisation ministérielle de prélèvement.
AU NIVEAU RÉGIONAL :
L'arrêté ministériel pris en 1990 vient compléter la liste des espèces bénéficiant d'une protection intégrale en France, par une liste d'espèces protégées en région Rhône-Alpes. Les interdictions sont les mêmes qu'au niveau national (destruction, coupe, mutilation, arrachage, cueillette, enlèvement, colportage, mise en vente).
AU NIVEAU DEPARTEMENTAL :
Touchant uniquement le département de l'Isère, un arrêté préfectoral vise à encadrer et réglementer les activités de cueillette et de ramassage des espèces végétales.
Les espèces interdites de cueillette : sont interdits en tout temps et sur tout le territoire du département, la cueillette, la récolte, le ramassage et la cession à titre gratuit ou onéreux de tout ou partie des végétaux et spécimens sauvages (art.2).
Les espèces réglementées cueillette : la cueillette d'une quantité de fleurs ou de plants supérieure à ce que la main d'une personne adulte peut contenir est interdit. Pour les Jonquilles et Narcisses cette quantité est limitée à 15 brins par personne. 
Pour les Génépis (hormis Artemisia eriantha qui est protégé au niveau régional) et la Vulnéraire cette quantité est de 100 brins. Il demeure que la récolte, et le ramassage des parties souterraines sont interdits (sauf pour la Gentiane jaune) en tout temps et sur tout le territoire du département. De même la cession à titre gratuit ou onéreux est interdite.
Points de vigilance :
Rappelons que la cueillette de toutes les espèces est formellement interdite sur le territoire des Parcs nationaux, des Réserves naturelles et de certains espaces protégés.
Ailleurs, la cueillette ne peut être réalisée que sous réserve de l'autorisation du ou des propriétaires du sol. Les végétaux ne devront pas être piétinés et aucun dommage ne devra être causé à la souche et aux racines.
Pour les espèces non protégées ou non réglementées, la raison doit guider nos gestes dans le sens d'une grande modération. Loin de vouloir interdire toute cueillette, nous rappelons quand même quelques règles de bonne conduite :
  • ne pas arracher bulbes ou racines
  • limiter sa cueillette à ce que la main peut contenir
  • ne cueillir que dans une grande population aux nombreux individus
  • en cas de doute sur le statut de protection, ne pas cueillir !

Arrêté Préfectoral du 5 août 2016 relatif à la suspension de la mise sur le marché des champignons des espèces Suillus granulatus, Russula olivacea, Armillaria mellea et Lentinula edodes 
NOR: EINC1622686A ELI:https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2016/8/5/EINC1622686A/jo/texte 
La secrétaire d’État chargée du commerce, de l’artisanat, de la consommation et de l’économie sociale et solidaire, 
  • Vu le règlement (UE) n° 1169/2011 du Parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2011 modifié concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires, modifiant les règlements (CE) n° 1924/2006 et (CE) n° 1925/2006 du Parlement européen et du Conseil et abrogeant la directive 87/250/CEE de la Commission, la directive 90/496/CEE du Conseil, la directive 1999/10/CE de la Commission, la directive 2000/13/CE du Parlement européen et du Conseil, les directives 2002/67/CE et 2008/5/CE de la Commission et le règlement (CE) n° 608/2004 de la Commission ; 
  • Vu la directive (UE) 1535/2015 du Parlement européen et du Conseil du 9 septembre 2015 prévoyant une procédure d’information dans le domaine des réglementations techniques et des règles relatives aux services de la société de l’information ; 
  • Vu le code de la consommation, notamment ses articles L. 521-17 et R. 532-1 ; 
  • Considérant que Suillus granulatus, Russula olivacea Armillaria mellea et Lentinula edodes sont présents sur le marché national à l’état frais et peuvent notamment être commercialisés en vrac ou préemballés ; 
  • Considérant l’avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail du 29 juillet 2015 estimant que la consommation des champignons Suillus granulatus (bolet granulé) et Armillaria mellea (Armillaire couleur de miel) sont susceptibles de provoquer des intoxications et que Russula olivacea (Russule olivacée) peut être responsable d’intoxication lorsqu’il est consommé cru ou insuffisamment cuit ; 
  • Considérant la recommandation de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail du 4 août 2015 estimant que Lentinula edodes (Shiitake) peut provoquer des dermatites toxiques s’il est consommé insuffisamment cuit ; 
  • Considérant que les toxines synthétisées par les champignons Suillus granulatus, Russula olivacea et Armillaria mellea sont à l’origine de troubles digestifs sévères ; 
  • Considérant qu’aucune information n’est disponible concernant la quantité susceptible de provoquer une intoxication ; 
  • Considérant qu’il en résulte un danger grave ; 
  • Considérant qu’afin de faire cesser le danger les consommateurs doivent être informés qu’il convient de faire cuire suffisamment ces champignons avant de les consommer ; 
Considérant que cette information peut être portée à la connaissance des consommateurs par une mention d’avertissement lorsque les produits sont présentés préemballés ou en vrac, Arrête : 
Article 1 Est suspendue pour une durée d’un an la mise sur le marché à destination du consommateur final, à titre gratuit ou onéreux, des champignons des espèces Suillus granulatus, Russula olivacea, Armillaria mellea et Lentinula edodes, lorsqu’ils sont présentés à l’état frais, en vrac ou préemballés, et qu’ils ne sont pas accompagnés d’une information claire informant le consommateur de la nécessité d’une cuisson complète avant la consommation. 
 Article 2 Il est procédé au retrait en tous lieux, où ils se trouvent, des produits mentionnés à l’article 1er lorsqu’ils ne sont pas accompagnés d’une information claire informant le consommateur de la nécessité d’une cuisson complète avant la consommation. 
 Article 3 Les frais afférents au non-respect des dispositions du présent arrêté sont mis à la charge du responsable de la mise sur le marché. 
Article 4 Le présent arrêté sera publié au Journal officiel de la République française. Fait le 5 août 2016. Pour la secrétaire d’Etat et par délégation : La directrice générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, N. Homobono 


A R R E T E n° 2010-06151 pour la protection des espèces végétales sauvages et champignons dans le département de l'Isère
VU le Code de l'environnement, notamment ses articles L.110-1, L.412-1, d'une part, et R.412-8, R.412-9 et R.415-3 d'autre part ;
VU l'arrêté ministériel du 20 janvier 1982 relatif à la liste des espèces végétales protégées sur l'ensemble du territoire, modifié par l'arrêté ministériel du 31 août 1995 ;
VU l’arrêté ministériel du 4 décembre 1990 relatif à la liste des espèces protégées en région Rhône-Alpes et dans le département de l’Isère complétant la liste nationale ;
VU l'arrêté ministériel du 13 octobre 1989 relatif à la liste des espèces végétales sauvages pouvant faire l'objet d'une réglementation préfectorale permanente ou temporaire, modifié par arrêté du 9 mars 2009 ;
VU l'avis du Conservatoire botanique alpin en date du 31 août 2010 ;
VU l'avis de la commission départementale de la nature, des paysages et des sites, dans sa formation nature, en date du 14 septembre 2010 ;
Considérant qu'il convient d'actualiser les mesures de protection de la flore fixées dans l'arrêté préfectoral n°9 3-295 du 21 janvier 1993, en application de l'arrêté ministériel du 13 octobre 1989 relatif à la liste des espèces végétales sauvages pouvant faire l'objet d'une réglementation préfectorale permanente ou temporaire, modifié par l'arrêté ministériel du 9 mars 2009 ; Sur proposition du Secrétaire Général de la Préfecture de l'Isère ; A R R E T E
ARTICLE 1er : l'arrêté préfectoral n°93-295 en date du 21 janvier 1993 est abrogé.
ARTICLE 2 : Activités strictement interdites
Outre les espèces végétales protégées sur l'ensemble du territoire national, ou dans la région Rhône-Alpes, ou dans le département de l'Isère, il est interdit de cueillir, récolter, ramasser et céder à titre gratuit ou onéreux tout ou partie (aérienne ou souterraine) des végétaux et des spécimens sauvages des espèces ci-après énumérées :
  • BRYOPHYTES Leucobryum glaucum (Heydw.) Angstr. _ Coussinet des bois PTERIDOPHYTES Lycopodium annotinum L. 
  • Lycopode à rameaux d'un an Lycopodium clavatum L.
  • Lycopode en massue Osmunda regalis L.
  • Osmonde royale Polystichum aculeatum (L.) Roth
  • Polystic à aiguillons Polystichum setiferum (Forssk.) 
  • T.Moore ex Woyn. Polystic à frondes soyeuses 
  • PHANEROGAMES ANGIOSPERMES Monocotylédones Erythronium dens-canis L. Dent de chien 
  • Fritillaria tubiformis Gre. & Godr. Fritillaire du Dauphiné 
  • Hyacinthoides non-scripta (L.) Chouard ex Rothm. Jacinthe sauvage 
  • Iris chamaeiris Bertol. Iris nain Leucojum vernum L. 
  • Nivéole du printemps Lilium bulbiferum L. var. croceum (Chaix) 
  • Pers. Lis orangé_ Dicotylédones Aconitum napellus L. 
  • Aconits du groupe napel Aconitum paniculatum Lam. 
  • Aconit paniculé Arnica montana L. sur les massifs de Chartreuse, Vercors et Obiou-Dévoluy
  • Arnica des montagnes Carlina acanthifolia All. Carline à feuilles d’acanthe 
  • Cyclamen purpurescens Miller Cyclamen d’Europe Dianthus ssp 
  • toutes les espèces d’oeillets Helichrysum stoechas (L.) 
  • Moench Immortelles stoechas Leontopodium alpinum Cass.
  • Edelweiss Papaver rhaeticum Leresche 
  • Pavot des Alpes 
ARTICLE 3 : Activités soumises à restrictions
Pour les spécimens sauvages de chacune des espèces suivantes, il est interdit en tout temps et sur tout le territoire du Département de l'Isère de :
  • cueillir une quantité de fleurs ou de plants supérieure à ce que peut contenir la main d'une personne adulte, sauf pour les espèces où une quantité plus restrictive est indiquée ci-dessous en raison de la pression de récolte ; 
  • récolter, ramasser les parties souterraines de ces espèces, sauf pour la Gentiane jaune
  • les céder à titre gratuit ou onéreux. Cette cueillette ne peut être réalisée que sous réserve de l'autorisation du ou des propriétaires du sol. 
Les végétaux ne devront pas être piétinés et aucun dommage ne devra être causé à la souche et aux racines.
THALLOPHYTES ET BRYOPHYTES Toutes les espèces de lichens fruticuleux pour une quantité limitée à quelques échantillons par personne
Sphagnum ssp toutes les espèces de sphaignes PHANEROGAMES ANGIOSPERMES Monocotylédones : Convallaria majalis L.
  • Muguet Galanthus nivalis L. Perce-neige Lilium martagon L. Lis martagon Narcissus poeticus L. Narcisse des poètes pour une quantité de 15 brins par personne 
  • Narcissus pseudonarcissus L. Jonquille pour une quantité de 15 brins par personne
  •  Dicotylédones : Arnica montana L. pour les autres massifs que ceux cités à l’article 2 Arnica des montagnes Daphne mezereum L. Bois joli Gentiana lutea L. Gentiane jaune pour une quantité de 4 racines par an et par adulte 
  • Ilex aquifolium L. Houx Génépis et vulnéraire : 100 brins au total par personne qui devront être coupés avec un sécateur ou des ciseaux 
  • Artemisia genipi Weber Génépi noir Artemisia glacialis L. Génépi des glaciers Artemisia umbelliformis Lam. Génépi jaune Hypericum nummularium L. Vulnéraire des Chartreux 
ARTICLE 4 : Ramassage de champignons et airelles 
Sur tout le territoire du Département de l'Isère, et sous réserve de l'autorisation du propriétaire, la cueillette des champignons et airelles/myrtilles non cultivés ne pourra être effectuée qu'aux conditions suivantes : 
  •  pour les champignons, obligation de pratiquer une récolte manuelle (couteaux ou engins coupants autorisés), interdiction d'utilisation de tout engin de ramassage (râteau...) qui porterait atteinte aux réseaux souterrains de ces champignons ; la récolte est limitée à un panier de 5 litres par personne et par jour (sauf pour les propriétaires ou ayant-droits de cette activité de ramassage) 
  • pour les airelles/myrtilles (Vaccinium myrtillus L., Vaccinium uliginosum L., Vaccinium vitis idaea L.), limitation aux besoins familiaux (1 kg par personne et par jour) et dans le respect d'autres dispositions éventuelles édictées localement par des Conseils municipaux sur les territoires communaux ou par l'Office National des Forêts sur les terrains privés de l'État. Les peignes sont interdits avant le 15 août. 
ARTICLE 5 : Activités commerciales soumises à autorisations 
Les ramasseurs professionnels groupés en coopérative ou agissant individuellement devront solliciter auprès du Directeur départemental des Territoires une autorisation spéciale pour récolter les spécimens sauvages des espèces mentionnées aux articles 3 et 4 précédents, ainsi que pour les prélèvements des espèces de sphaignes (Sphagnum ssp). Ils devront la présenter à toute réquisition des agents chargés de l'application du présent arrêté. 
ARTICLE 6 : Le fait de contrevenir aux dispositions du présent arrêté est passible de la peine d'amende prévue pour les contraventions de quatrième classe en application de l'article R.415-3 du code de l'environnement. 
ARTICLE 7 : Le Secrétaire Général de la Préfecture de l'Isère, les Sous-Préfets des Arrondissements de LA TOUR du PIN et de VIENNE, le Directeur départemental des territoires, le Colonel, Commandant le Groupement de Gendarmerie de l'Isère, le Chef du Service départemental de l'Office National des Forêts, le chef du service départemental de l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, l'ensemble des agents commissionnés par le ministère chargé de l'Environnement et habilités à constater les infractions au titre de la Protection de la Nature sont chargés de l'exécution du présent arrêté qui sera publié au recueil des actes administratifs de la préfecture de l'Isère. 
Grenoble, le 22 octobre 2010 Le PREFET pour le Préfet et par délégation Le Secrétaire Général adjoint Bruno Charlot 

Code Forestier:


Article L163-11
Le fait, sans l'autorisation du propriétaire du terrain, de prélever des truffes, quelle qu'en soit la quantité, ou un volume supérieur à 10 litres d'autres champignons, fruits ou semences des bois et forêts est puni conformément aux dispositions des articles 311-3, 311-4, 311-13, 311-14 et 311-16 du code pénal.
Article R163-5
Le fait, sans l'autorisation du propriétaire du terrain, de prélever un volume inférieur à 10 litres de champignons, fruits et semences dans les bois et forêts est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la 4e classe. Toutefois, dans les bois et forêts relevant du régime forestier, sauf s'il existe une réglementation contraire, l'autorisation est présumée lorsque le volume prélevé n'excède pas 5 litres.
Lorsque l'infraction est le fait du concessionnaire d'un pâturage, ou de son préposé, et qu'elle est commise sur le terrain concédé, elle est punie de l'amende prévue pour les contraventions de la 3e classe lorsque le volume prélevé est inférieur à 5 litres, et de celle prévue pour les contraventions de la 5e classe lorsqu'il est compris entre 5 et 10 litres.

  • Tout ramassage non autorisé de champignons en forêt – publique ou privée- est puni d'une amende pouvant aller jusqu'à 750 € (en forêt publique uniquement, tolérance jusqu'à 5 litres, sauf pour les truffes).
  • Lorsque le volume extrait est supérieur à 10 litres, et quelque soit le volume pour les truffes, la sanction est celle prévue par le Code pénal en matière de vol, et peut aller jusqu'à 45 000 € d'amende et 3 ans d'emprisonnement (Code forestier, L163-11). 
  • En cas de circonstances aggravantes, cette peine peut être portée à 75 000 € d'amende et 5 ans d'emprisonnement : plusieurs personnes ou complices, violences sur autrui, actes de dégradation...


La cueillette sur les propriétés privées

Les champignons sauvages appartiennent de plein droit au propriétaire du sol. Ils ne sont pas res nullius comme le gibier (qui n'appartient à personne). En effet, l'article 547 du code civil est formel : « les fruits naturels ou industriels de la terre appartiennent au propriétaire par droit d'accession ». Leur cueillette n'est, par conséquent, tolérée qu'aux conditions suivantes :

  • demander l'autorisation au propriétaire ;
  • respecter les lieux, les animaux et les panneaux d'interdiction ;
  • ramasser avec parcimonie ;
  • consulter les arrêtés préfectoraux et communaux en mairie.

La jurisprudence est constante à propos de la cueillette des champignons :

  • non seulement ils appartiennent au propriétaire du sol et donc son autorisation est nécessaire ;
  • mais encore le propriétaire du sol n'est pas obligé, pour conserver son droit sur les fruits naturels ou industriels de la terre, de clôturer son immeuble ou d'en interdire l'accès par voie d'affiches ou d'autres moyens.

Autrement dit, le fait de ne pas avertir par un panneau «cueillette de champignons interdite» n'est pas une faute et n'autorise pas les ramasseurs à pénétrer sur la propriété que ce soit un bois, un pré, un champ, etc.

Ramasser des champignons chez autrui c'est du vol (l'article 311-1 du code pénal dit bien que « le vol est la soustraction frauduleuse de la chose d'autrui »). Depuis l'entrée en vigueur du nouveau Code forestier le 1er juillet 2012, il n’existe plus de seuil sous lequel la récolte serait « tolérée » ; la nature des peines a été profondément remaniée, et les sanctions sont désormais sans commune mesure avec celles qui étaient prévues auparavant.

D’après l’article  R163-5 du code forestier, une récolte sans autorisation inférieure à 10 litres est passible d’une amende maximale de 750 €. Une récolte supérieure à 10 litres, et quelque soit le volume pour les truffes, peut être sanctionnée jusqu’à 45 000 € d’amende et 3 ans d’emprisonnement. Cette peine peut être portée à 75 000 € d'amende et 5 ans d'emprisonnement en cas de circonstances aggravantes : plusieurs personnes ou complices, violences sur autrui, actes de dégradation... 

Bien évidemment, sous couvert de respecter les arrêtés préfectoraux, le propriétaire du sol peut cueillir chez lui les champignons sauvages. 

Cette règle est valable pour toutes les sortes de cueillettes : petits fruits, glands, faines, bois morts, fleurs, etc.

Les permis de ramassage des champignons en forêt

Les produits de la cueillette autorisée sont en principe destinés à la consommation personnelle, et les ramasseurs de champignons sont alors souvent tolérés par les forestiers. Mais c'est un sujet sensible dans certaines régions.

Pour lutter contre les abus et les incivilités, quelques propriétaires ont mis en place des "permis de cueillette" : nominatifs, valables une journée ou un an, et associés à des règlements précis. Moyennant une cotisation, le possesseur de la carte peut prélever une quantité définie de champignons.

Un système qui peut s'appliquer à tous les menus produits de la forêt.

La réglementation préfectorale

Ce n'est pas systématique mais la cueillette des champignons peut être réglementée par arrêté préfectoral, dans les départements où les champignons ne sont pas protégés par la loi (au titre de l'article L. 411-1 du code de l'environnement relatif à la préservation du patrimoine biologique). Il convient donc de se renseigner en mairie du lieu du ramassage ou en préfecture, si un tel arrêté existe.

Il peut, en effet, être arrêté, en application de l'article R. 212-8 du code de l'environnement, une liste de champignons dont le ramassage et la cession à titre gratuit ou onéreux sont soit interdits, soit autorisés dans certaines conditions sur tout ou partie du territoire et pour des périodes déterminées.

En pratique, l'arrêté du préfet fixe, pour une ou plusieurs espèces :

  • l'étendue du territoire concerné ;
  • la période d'application de la réglementation ou de l'interdiction (horaires et dates) ;
  • les conditions d'exercice du ramassage ou de la récolte ou de la cession ;
  • la qualité des bénéficiaires de l'autorisation ;
  • la quantité maximale à ramasser (cela varie de 2 litres à 10 litres par jour et par personne selon la région et la nature du champignon ou encore un panier par personne et par jour).

Ces arrêtés préfectoraux sont affichés dans chacune des communes concernées et publiées dans au moins deux journaux régionaux ainsi que le Recueil des actes administratifs.

Attention à ne pas tout ramasser ni piétiner afin que les champignons se reproduisent et il faut savoir que tout instrument autre que le couteau est interdit.

S'il existe un arrêté préfectoral, il s'applique à tout le monde y compris au propriétaire du sol.

Les champignons protégés par la loi

Dans les parcs nationaux ou régionaux et les zones protégées, il peut exister soit des conventions soit des arrêtés qui réglementent la cueillette des champignons. Il faut s'y conformer.

L'article L. 411-1 du code de l'environnement interdit strictement la cueillette de champignons lorsqu'un intérêt scientifique particulier ou que les nécessités de la préservation du patrimoine biologique justifient leur conservation.

Il précise que sont interdits :

  • « la destruction, la cueillette ou l'enlèvement de végétaux de ces espèces, leur utilisation, leur mise en vente, leur vente ou leur achat. »
    La liste de tels champignons est arrêtée par décret en conseil d'État, affichée dans les préfectures et les mairies.

Cette interdiction de ramasser peut (article L. 411-2 du code de l'environnement) :

  • être permanente ou temporaire ;
  • concerner tout ou partie d'un territoire ;
  • être soumise à une autorisation de prélèvement.

Peut-on cueillir en forêt publique ?

La cueillette des champignons est autorisée en forêt domaniale (appartenant à l'État) si elle reste dans le cadre d’une consommation familiale et si les prélèvements sont raisonnables, c'est-à-dire qu'ils n’excèdent pas 5 litres par personne et par jour (sauf réglementation locale contraire).

Elle doit être modérée, car en principe, une autorisation préalable du propriétaire est nécessaire (article 547 du Code civil). En effet, toutes les forêts publiques ont un propriétaire, qu'il s'agisse d'un Etat, une région, un département ou une commune. Et dans les forêts privées ? Cliquez ici pour plus d'informations !

De plus, les cueillettes excessives peuvent menacer des espèces, même courantes comme le muguet ou les jonquilles. Certaines baies et quelques champignons peuvent être toxiques. Certaines plantes rares sont également protégées.

Quelques conseils pour ramasser des champignons

Voici les conseils du réseau naturaliste mycologie de l'ONF ! Avant de partir en forêt à la recherche de bons champignons :

  • Informez vos proches de votre destination. Tous les ans, les secours doivent être déclenchés pour rechercher des cueilleurs de champignons égarés.
  • Équipez-vous d'un panier. Les champignons sont fragiles et pourraient s'abîmer et s'écraser s'ils sont transportés dans un sac plastique.
  • Se renseigner sur le lieu de cueillette. Bien vérifier que vous avez l’autorisation de ramassage et quelles sont les quantités maximums autorisées.
  • Cueillez des champignons de taille adulte et en bon état. Laissez sur place les plus petits ainsi que les vieux ou ceux qui sont abimés, qui ont subi le gel.
  • Contrairement aux idées reçues, il faut arracher le champignon en entier, et non le couper. Le pied du champignon contient d’importantes informations (feutre mycélien, forme de la base du pied, morceaux de bois, couleur…) qui permettent son identification.
  • Respectez l’humus ! Il s’agit de la couche de terre à la surface, d’environ dix centimètres de profondeur, qui est essentielle à la vie du champignon. N’enlevez pas de grosses mottes en prenant un champignon, ne retournez pas la terre autour…
  • Séparez les espèces connues de celles que vous ne connaissez pas. Mieux vaut évitez de cueillir les champignons que vous ne connaissez pas.
  • Laissez sur places les champignons non comestibles, sans les abimer.
  • Triez votre panier à la lumière et vérifiez votre récolte.
  • N’utilisez pas d’application sur téléphone pour identifier vos champignons. Cette méthode très déconseillée est à l’origine de nombreuses intoxications, ces applications donnant très souvent des résultats faux.
  • Dernier conseil et non des moindres : si vous ne savez pas si un champignon est comestible ou non, demandez l'avis d'un spécialiste, pharmacien ou mycologue, pour l'identifier. Avec près de 30.000 espèces en France, nous vous incitons à la plus grande prudence.

 




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