En raison des conditions météo, nous avions choisi pour cette sortie la Cabane forestière d'Achieux à Méaudre.
En chemin, nous avons croisé les spéléologues près du gouffre Berger et à quelques enjambées, les chasseurs avaient mis leurs panneaux annonçant une battue.
Les 13 sociétaires présents sur la matinée auront été les seuls dans cette forêt. Jean-Marc proposa de constituer deux groupes, en annonçant que celui qu'il conduirait devait être à la cabane dès 11H pour allumer le feu, le seul volontaire sera Jacques !
Pour le second groupe de onze participant·e·s conduit par Olivier, la première impression sera la multitude de variétés de champignons, du coup ce lieu s'annonçait comme un excellent choix. Tout le monde s'émerveillait devant un parterre coloré, ponctué par des "Oh que c'est beau" !
Pour Michel, ce sera l'interpellation continuelle, de la part des nouveaux demandant : " c'est quoi ce champignon ? "
Michel n'aura pas su répondre à tous les questionnements et en substance, il dira : "La Société mycologique du Dauphiné organise une exposition à la Mairie de Grenoble, aujourd'hui et demain, aux vues du parterre qui nous entoure, les mycologues auront eu une chance extraordinaire de pouvoir présenter autant de spécimens.
- Des cèpes, des girolles, des chanterelles en tubes, des pieds de moutons, des clitocybes odorants à odeur d'anis, des lactaires d'épicéas pour aborder les champignons les plus gouteux.
- Des clavaires: tronqués (clavariadelphus truncatus) ou dorés (ramaria aurea) qui sont des comestibles très moyens. Des hygrophores : limaces, russules, ponceau (bons comestibles), mais aussi des hygrophores du chêne vert, non comestibles.
- Des russules, belettes (comestibles), mais aussi émétiques (toxiques), de petits gris (tricholomes terreux) mais aussi des tricholomes équestres (toxiques).
- Des gomphides : glutineux (comestibles), mais aussi roses (à rejeter).
- Des hypholomes en touffe très toxiques et les amanites
- etc..............
Concernant l'histoire de la baraque d'Achieux, j'ai décrit au mois de mai dernier, comment ce lieu avait été utilisé par la résistance dans le Vercors lors de la lutte contre le nazisme. Aujourd'hui, je vais tenter d'aborder la question de ce champignon que vulgairement chacun nomme les sanguins.
La famille des lactaires compte environ 80 espèces, je ne mentionnerai que quatre d'entre elles qui sont comestibles :
- Le Lactaire des épicéas ou lactaire détestable (lactarius deterrimus), sous les épicéas dans les terrains calcaires;
- Le Lactaire délicieux (lactarius deliciosus) dans les bois de conifères, il apprécie la couverture des pins, de préférence sur sol acide et humide (présent dans le Trièves)
- Le Lactaire Sanguin (lactarius sanguifluus), c'est le nec plus ultra, essentiellement dans les bois de résineux.
- Le Lactaire semi-sanguin (Lactarius semisanguifluus), sous les pins avec sol calcaire souvent dans les endroits herbeux.
Tandis que nous partagions notre repas, bien au chaud, grâce à la flambée du poêle, nous avons vu un groupe qui lui aussi venait à la cueillette de ces lactaires détestables dans le but de remplir des cageots qui seront destinés à la confection de bocaux dit de "sanguins", ou bien serviront pour la fabrication de teintures.
Ceci n'est pas une cueillette raisonnée !
Pour continuer la vie naturelle de la forêt, la sporulation est indispensable. Les vieux champignons ont déjà donné, il ne faut pas vouloir, tout ramasser, il est important de laisser de jeunes champignons pour la semence de demain !
Les photos qui ne sont pas associées à cet article sont consultables dans le nouvel album Septembre-octobre2022, en cliquant sur le lien précédent.
Pour cette sortie, Philippe nous apporte lui-aussi, son concours photos !